La nuit n'a pas été vraiment réparatrice, fraîcheur, vent.
Au petit matin, la chaleur qui monte de notre fabuleux petit poêle nous apparaît comme le comble du confort. C'est avec précautions que nous nous désenmitouflons des duvets bien chauds. Heureusement, Urche, qui, prend bien soin de nous, a mis l'eau à chauffer, et la promesse de chaleur du petit déjeuner nous sort définitivement de notre torpeur. Dehors, le vent semble avoir baissé, et je file à l'extérieur voir ce qui s'y passe.
Chez nos voisins, l'activité est plus avancée que chez nous. La tente n'est pas complètement démontée, et il en surgit des tas de paquets, cartons; les yacks sont déjà attachés et prêts à être chargés.La jeune fille est partie rassembler à pied les moutons et chèvres dispersés sous les buissons alentours, avant d'enfourcher son cheval et de partir devant avec son troupeau. Pendant ce temps, le reste de la famille a plié le camp et s'attelle à une étape critique, le chargement des yaks. On leur colle sur le dos aussi bien des cartons que des brebis prêtes à mettre bas.
Bon an mal an, tout s'ébranle et la transhumance reprend son cours inexorable.
La progression est plus simple semble-t-il. Nous tombons sur des nomades auxquels un bébé yak donne bien du mal, il est sorti du troupeau et fait échouer toutes les tentatives pour le faire rentrer dans le rang. Tout cela se finit par un placage digne d'un rodéo de notre guide Chingun, en survêtement et baskets.
Les scènes de la veille se répètent, notre progression se fait tranquillement, lentement, mais sûrement.
En milieu d'après-midi, c'est l'heure de s'installer. car le bétail a besoin de se reposer et de s'alimenter. Un peu plus haut, d'autres nomades installent leur yourtes. Je n'ose pas m'immiscer et m'installer trop près, je me sens tellement intruse.
De retour à notre campement, la jeune fille de la famille arrive, tenant dans son écharpe un agneau nouveau-né; voilà encore une belle image que je n'ai pas saisie, mais elle reste gravée à tout jamais dans mon esprit.
Nous montons également notre tente à fleurs. Une fillette et son petit frère viennent faire connaissance, et nous leur fournissons l'attraction de l'après-midi, en profitant de l'arrêt du vent pour nous laver les cheveux dehors, avec, comble du luxe, de l'eau tiède !
Autour de nous, tout est matière à ouvrir grand ses yeux. Un yak arrive, très lourdement chargé de troncs.
Plus loin, c'est un traîneau.
Une fois les taches domestiques effectuées, je décide d'aller passer un moment auprès du troupeau, qui s'est dispersé dans la vallée. L'après midi s'écoule, paisible. Les familles arrivent les unes après les autres, et s'installent.
Notre chauffeur est parti chercher sa famille au complet, qui passe un moment avec nous avant qu'il reparte (de nuit) les raccompagner au village suivant. Les retrouvailles sont pleine d'affection, les quatre petites ne quittent pas leur mère.
Après dîner, nos voisins viennent nous rendre visite. Une fois encore, les images vont nous servir de ponts. Nous leur montrons des images, de chevaux, de rennes, de paysages, tout ce qui peut faire lien entre eux et nous. L'atmosphère est enjouée, et le père nous propose de partager un verre de vodka avec lui, que nous acceptons avec reconnaissance, tandis que la mère sort son jeu d'osselets divinatoires. On joue, sans mieux comprendre que l'autre jour, mais le rire est universel.
Mais il faut dormir car demain nous poursuivrons notre route. La journée a été riche, en images, en émotions. Notre chauffeur Dorgoo revient, rallume le feu et se couche enfin, après sa très longue journée de labeur.
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