Et voilà. Après une petite séance photo dans les kerns au bord du lac, nous partons par la piste en direction du naadam, en espérant le trouver... Nos informations sont assez laconiques. Mais c'est ...par là !
Nous sommes assez rapidement rassurés, car des camions chargés de chevaux gaiement harnachés affluent. Les chevaux semblent d'ailleurs en meilleur état que la plupart des camions. Mais chut, tout le monde roule, converge, et déjà au loin nous voyons surgir du sol une assemblée bigarrée et joyeuse.
Les enfants, les héros de cette journée, puisque ce sont eux les cavaliers, sont pour certains vêtus comme des sportifs de haut niveau. Mais d'autres, déguenillés, ont l'air tout autant décidé.
Devant un rond de tentes, des lutteurs mongols au physique impressionnant discutent avec animation. L'un d'entre eux ressemble à Terminator... en moins souriant.
Nous sommes les seuls touristes, et personne ne nous prête attention. Un wc à la mongol est prévu (un trou qui tourne le dos à l'action, dissimulé par une toile à mi-hauteur), mais il est tellement fréquenté que je renonce.
Mais voilà, tout le monde s'ébranle, et après un discours et un chant qui semble très solennel, les enfants à cheval défilent au centre du rond de tentes. Et c'est parti, pour la première course (15km pour une course de chevaux de plus de 4 ans, puis une course d'étalons, et enfin une course de chevaux de 4 ans. Au naadam officiel de Ulan Bator, tout est bien plus encadré, cérémonieux, officiel. Mais la passion qui règne ici est la même.
La zone de l'arrivée est délimitée par deux drapeaux et deux arbitres. Les spectateurs se mettent de part et d'autre et lorsque des petits points se dessinent au loin dans la vallée, l'ambiance devient électrique. Les chevaux arrivent à fond, les enfants sont aussi concentrés que les chevaux. Parfois sans selle, parfois sans chaussures, mais toujours avec une aisance déconcertante.
Les arbitres brandissent des numéros, les premiers sont arrivés, et les chevaux, fumants, sont pris en main tout de suite. On leur racle la sueur à l'aide d'un couteau de chaleur et on les promène au bout d'une longe, le temps qu'ils retrouvent un rythme cardiaque normal.
Les suivants arrivent, plus ou moins souriants, plus ou moins rapides.
Mais déjà le public s'organise. Des sacs et des couvertures sortent des coffres, des bassines remplies de beignets à l'odeur délicieuse, typiques du naadam, et c'est pique-nique time. Une fois restaurés, c'est même sieste pour la plupart ! Une dame âgée se couche à même le sol, et, sans état d'âme, utilise un rocher comme oreiller.
Après cet intermède, les enfants repartent, apparemment plus frais. Et c'est parti pour la course des étalons !
L'ambiance est au plus haut immédiatement. Et des retardataires, qui traversent un peu tard, déclenchent un tollé !
La course se déroule comme la précédente, un peu plus rapide peut-être.
Avant d'assister à la dernière course, c'est les lutteurs qui sont à l'honneur. Le cérémonial est complexe, des gestes dansant sont exécutés, (la danse de l'aigle), et des combats se déroulent entre les lutteurs et des volontaires dans l'assemblée. Inutile de dire que les combats sont rapides... Puis ce sont des combats entre lutteur, et là, tout se complique. Parfois c'est très long.
Mais hélas ! Il nous faut partir, sans voir la fin des luttes et la dernière course, car nous avons encore beaucoup de route à faire. Nous logeons ce soir chez des nomades particulièrement avenants. Dans la yourte, qui comporte même un sas d'entrée, très astucieux, rien ne manque. Machine à laver, photos de famille au mur, télé...
Nos hôtes sont chaleureux et enthousiastes, nous nous sentons tout de suite à l'aise. C'est notre dernière nuit chez des nomades et c'est bien triste de se le dire...
LE récit du jour précédent ici