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  • Lucie

La chasse avec les aigliers, (suite)


Ce matin, je sors très tôt. Un peu de solitude n'est pas pour me déplaire, et je erre dans ce paysage désertique, à la recherche d'un angle de vue inconnu, d'une lumière, en toute tranquillité. J'ai donc la joie d'assister à l'heure bleue, puis au lever du soleil, avant que le froid ne m'oblige à rentrer. Je résiste un peu plus longtemps, grâce à des chaufferettes planquées dans mes poches, hé hé. J'assiste à l'arrivée des yaks, dans une lumière dorée époustouflante.

Après le petit déjeuner, je retourne assister à la traite des yaks. C'est tout un art, il faut faire téter les jeunes, puis continuer la traite. Un partage des ressources qui laisse à la famille environ un demi seau de lait. Dont sort le beurre, le yaourt, le lait bien sûr pour le thé. J'adore ces bêtes placides, bourrues, et leurs petits protégés du froid par une couverture sanglée sur le dos.

Ce matin, il est prévu de faire des images plus solennelles de la famille, et des amis aigliers, pour une vidéo. Ils jouent tous le jeu, beau manteau, sourires étincelants. Jusqu'à la petite qui se déguise en chamane avec toutes les peaux de son père, avant de se contenter plus modestement de son chapeau d'aiglier.

Nous assistons ensuite à une petite séance de rodéo, un cheval qui n'a pas du tout envie apparemment de travailler aujourd'hui. Bon, ce n'est pas un des nôtres, ouf. Mais c'est celui qu'enfourche le garçon de 11 ans, tout à fait réticent, pour aller mener le troupeau de chèvres dans la montagne. Une taloche de son grand frère la convainc d'obtempérer. Je crois comprendre qu'il aurait préféré nous accompagner, comme la veille.

Et enfin, nous repartons à la chasse. On change de direction, on va plus loin, plus haut, la montée est ardue mais exaltante. On monte 300 m de dénivelé, sans hâte mais sans s'arrêter.

Et dès qu'on s'arrête, la chasse commence. Dès les premières minutes, le rabatteur lève un lièvre. Mais l'aigle le rate! Et ensuite, nous entamons une longue période, mélange d'attente et de coup d'accélération fulgurants, courant d'un piton rocheux à un autre. Nous soufflons, suons, parfois arrivons trop tard !

L'aigle ratera deux lièvres dans cette rude journée. Les aigliers sont têtus et le fils de Rahenbek multiplie les tentatives, mais en vain. Nous sommes discrètement contents...

Tout cela nous a emmené tard dans l'après midi, le temps a filé sans le dire et il ne reste qu'une petite heure de lumière pour descendre de la montagne. On descend donc à pied, tout droit, sur plus de 300m de dénivelé, doublé par la procession de chevaux et chameaux.

Une fois dans la vallée, on remonte à cheval, pour la fin du trajet. Le retour est paisible et nous promène déjà dans un léger goût de regret.

Le soir, toute la famille est curieuse des images, qui nous semblent fabuleuses. Après le dîner les enfants viennent en chercher un d'entre nous pour une partie de hockey à la Kazakhe. Comme palet une bouse de vache, des bouts de bois hétéroclites, de nuit et à moins vingt, je crois que Richard, qui est allé jouer, s'en rappellera longtemps.

Le sommeil nous emporte tous, fourbus, poursuivre la chasse dans les montagnes de l'altaï.

Le récit de la veille ici


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