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  • Photo du rédacteurLucie Bressy

L'entraînement des aigles


Je me réveille à 5h, mais il fait trop froid pour bouger une oreille. J'ai connu bien pire, mais la température doit tout juste être à zéro. Connaissant les mongols et l'hospitalité nomade, je sais que quelqu'un va venir allumer le poêle magique. Effectivement, un peu avant 8 heures ( avant il fait nuit), Meriamgul vient ranimer le feu. On file aussitôt dehors, profiter des belles lumières.

Et ensuite, père et fils partent entraîner un peu les deux aigles qui chasseront les jours suivants, et qui n'ont pas chassé depuis longtemps. A l'évidence, le fait d'être photographié ne leur déplait pas, au contraire, et par moments, on dirait bien qu'ils jouent de leur savoir-faire et de notre dévotion.

Les aigles qu'ils emmènent (3 et 4 ans) qui sont nourris chaque jour, se font tirer l'oreille pour reprendre le collier, mais bon an mal an c'est parti pour deux heures d'entraînement. Nous partons donc au pied de la montagne et nous restons au pied. L'aigle est en surplomb, posé sur le bras de son maître, Rakhenbek, et les enfants agitent en bas une peau de renard au bout d'une corde, ou encore l'aigle est posé sur un petit sommet et c'est l'aiglier, en bas, qui pose un morceau de viande sur sa main et l'appelle. Dans tous les cas, les cris encouragent l'aigle à partir.

La complicité et la tendresse entre l'aiglier et son aigle sont manifestes et nous nous régalons de le constater encore et encore. Au retour, après un bol de soupe kazakhe ( comprenez : avec de la viande, base de l'alimentation ), on retourne faire des photos dehors. On assiste à nouveau au nourrissage des aigles, on admire le chameau, magnifique, qui prend la pose. Au loin les troupeaux se déplacent dans la lumière poudrée de fin de journée que j'affectionne particulièrement, quitte à en abuser dans les photos que je fais. Encore de bien belles images, qui rentrent directement nourrir mon imaginaire.

Comble de dépaysement, chacun d'entre nous manipule l'aigle, et se retrouve juché sur le dos du chameau, plus ou moins facilement, ce qui fait beaucoup rire nos hôtes. A 5 heures et demie, il fait presque nuit. Le poêle est bourré de bouses diverses, et on se réchauffe avant de trier un peu nos images. La mère de famille, qui est désormais plus enjouée avec nous, nous montre un jeu de bilboquet et en profite pour nous mettre une raclée. La benjamine, Aiko, est très demandeuse de notre attention tout en étant un très vaillant petit soldat pour plein de tâches familiales. Visiblement, toute la famille est sous son charme. Au soir, le groupe électrogène ne démarre pas, donc on commence une politique d'économie de batterie... Mais les khazakhes sont des têtus, après avoir bataillé plusieurs heures, dehors, de nuit et par moins vingt, c'est parti ! Du coup, on se couche tard, le temps de regarder les images du jour, de recharger les batteries des uns et des autres. Surtout que demain, ce sera la chasse, pour de vrai !


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