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  • Photo du rédacteurLucie Bressy

Les aigles


Après une vraie bonne nuit, un petit déjeuner réduit à sa plus simple expression à l'hôtel, puis un bon petit déjeuner dans la famille, on part pour notre destination finale Ulan-khus. Il y a pas mal de matériel à emmener, donc nous partons à deux véhicules. Vu la conduite totalement sauvage du nouveau chauffeur, je me rabats prudemment sur le véhicule habituel, et bien m'en prends, quand je vois la façon dont il roule sur les pistes cahotiques. Le paysage est désertique, pas un arbre, mais ô bonheur, toujours aussi vivant . Des troupeaux, chevaux, chameaux, chèvres m'enchantent le coeur. Un peu plus de trois heures après notre départ, nous arrivons à une petite maison isolée, au toit plat. Devant la maison, deux aigles encapuchonnés sont perchés sur des supports faits de bois de mouflons, je bondis hors de la voiture, on y est ! Il y a aussi encore deux autres aigles, un chameau, des chevaux. Des chèvres, un chien et même un loup !!! Plein d'enfants, qui nous regardent un peu timidement au départ.

Dans la maison, une entrée, qui reste froide et sert de sas. A gauche une grande pièce, avec du lino au sol, deux fenêtres, six lits métalliques, des tapis roulés dans un coin qu'on déroule pour les hôtes de passage, et bien sûr, le poêle indispensable. Les armoires décorées ou sont rangés les biens familiaux.

Au mur, des peaux (loup, renard, rat musqué, etc), des médailles, des récompenses de concours) A priori la pièce de vie et chambre des enfants. A droite, une plus petite pièce, avec deux lits, et, qui, je suppose, doit être la chambre des parents. Au fond, une pièce qui sert de resserre. Sur le toit, la réserve de fromage. L'après midi passe, avec le thé kazakh de bienvenue, le déjeuner, les soins aux animaux, les aigles à nourrir, et les sourires s'élargissent. Pour nous faire plaisir, le père les manipule longuement.

La petite dernière, Aiko, dont on met trois jours à comprendre que c'est une fille, est partout. Elle court sur la rivière gelée pour aller chercher les chèvres, porte l'aigle fièrement, nous parle sans arrêt, et nous sommes tous conquis par son aisance et sa débrouillardise.

La nuit tombe vite, et le panneau solaire fournit l'électricité pour une ampoule dans la pièce. Le soir venu, après le repas que nous prenons dans la grande pièce, qui nous a été dévolue, la famille revient nous voir. Nos premières images leurs plaisent, voire les interpellent. Mais c'est un jeu vidéo de voiture qui arrache des éclats de rires communicatifs à la plus jeune.La famille compte en plus des deux parents, cinq enfants. Deux garçons, 22 et 11 ans et trois filles, 18, 15 et quatre ans. Seuls deux ont été scolarisés pour le moment, bien que l'école soit obligatoire jusqu'à seize ans. L'aînée des filles est déjà durement marquée par le travail. La nuit est tombée, le froid s'est installé, et soudain on réalise que deux d'entre nous ont disparu dehors depuis une heure et demie. Tout le monde s'affole et on part tous à leur recherche, en vain. C'est la voiture qui les retrouvera, perdus, et frigorifiés, quelques kilomètres plus loin. Tout le monde est soulagé, on se couche. Dans une pièce dont la température descend rapidement. Je suis dans un duvet grand froid et une polaire, mais lorsque Meriamgul (la mère) d'autorité me couvre d'une peau de mouton et d'un manteau, je me réchauffe.... et je sombre.


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