Sans surprise, la nuit est mauvaise. Ce matin il faut quitter les lieux, sans doute notre étape la plus sympa du voyage. Miracle, je sens peu ma dent malade donc pas de médocs ce matin. On part avec la pirogue du Barracuda après les adieux. La traversée est rapide. Et c'est parti pour environ 450 km avec la traversée de la Gambie en ligne de mire. Ça commence par une amende à Ziguinchor sous un prétexte bidon. C'est la deuxième. Modou refuse de payer de la main à la main et réclame son amende officielle. Ça nous retarde mais il a bien raison. Il fait chaud, très chaud. On arrive à la frontière vers 14 h. Les formalités sont multiples et toutes payantes. De 500 en 2000 ou 5000 ce sera 25000 CFA qu'il faudra débourser. Modou en profite pour faire quelques courses qu'il planque soigneusement dans le coffre. Il peste contre les Gambiens à qui mieux mieux. À la frontière une scène me saute aux yeux : un troupeau de vaches boit, enfoncé dans l'eau jusqu'au poitrail. C'est magnifique mais hélas point de photo nous sommes déjà plus loin... J'espère m'en souvenir malgré tout longtemps. Nous roulons. Il faut très chaud et la route est interminable. On s'achète un vague gâteau dans une station service ce sera le déjeuner et c'est reparti jusqu'à N'dangane, notre étape de ce soir, que nous atteignons épuisés. Le campement est rustique et bon marché, ce coup-ci c'est électricité et même wifi mais pas d'eau courante. C'est juste à côté de l'embarquement pour les balades dans la mangrove, proposées pour le lendemain matin. Deux femmes d'un âge certain, blondes platine, jouent au canasta, ce qui me propulse dans un roman à l'ambiance vieillotte ! La conversation s'engage, elles voyagent très roots, avec beaucoup d'aplomb.
J'ai bien envie de zapper la balade envisagée, vu le tarif prohibitif, 40000 CFA, quand un jeune étudiant français nous propose de partager sa petite pirogue pour laquelle il a eu un bon prix. Je doute que le prix ne gonfle pas si on est plusieurs mais du coup j'ai des armes pour refuser ou négocier le prix demandé par le copain de Modou. De 40000 nous passons donc à 20000... Comme quoi... J'apprécie le magnifique coucher de soleil. On dîne en compagnie des deux mamies sympa avant d'investir la case, au matelas à mémoire de forme ( il a l'empreinte de tous les corps déjà passés) C'est l'heure de dormir. Le 29
Je n'ai toujours pas vraiment mal à la dent, c'est un mystère. Ça change tout ! Bref ce matin nous partons à bord d'une grosse pirogue avec un très jeune piroguier. D'abord une incursion vers les oiseaux, le baobab sacré, puis visite de l'île de Mar Lodj.
Le piroguier nous avait parlé de 1000 CFA par personne la visite du village, apparemment c'est un forfait de 3000. Et bien, tant pis, je maintiens mes deux milles et leur propose d'aller chercher eux-même les 1000 manquants auprès du piroguier en question. J'en ai assez des rallonges. Mais tout s'arrange avec les sourires et nous partons bientôt. C'est une belle visite et on ne regrette pas le détour. On rentre en empruntant des petits bolongs de la mangrove ça amuse beaucoup notre piroguier.
Pique-nique avant de partir et on prend l'étudiant de la veille avec nous pour quelques kilomètres. Arrêt téléguidé au plus grand baobab du Sénégal (32 mètres de circonférence, 850 ans, et on peut rentrer dedans) où chaque touriste est attendu. On n'y traîne pas ! Puis Joal-Fadiouth où là encore tout est très organisé visite guidée obligatoire et passage devant toutes les boutiques de souvenir. Mais surtout surtout il fait très très chaud et du coup j'abrège tout sous peine de liquéfaction aiguë. Ce qui ne rend pas justice au village et surtout à son cimetière mixte ( catholique et protestant) accessible par un long pont de bois, comme le village. Je vois du coin de l'œil des scènes de vie plaisantes mais hors de portée. Sur les berges découvertes par la marée, des femmes pêchent les coquillages, des cochons cherchent à manger, des enfants rincent des chevaux à l'eau de mer. Modou avait dans l'idée de nous faire découvrir le gros bourg de Mbour je déclare forfait.
Je n'ai plus que la douche et la fraîcheur en ligne de mire. Nous avons parcouru 2305 kilomètres et mangé presque autant de bananes. Les retrouvailles sont joyeuses.
Le récit de la veille ici
Le jour suivant là