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  • Photo du rédacteurLucie Bressy

Casamance !


Le 24/11 Au réveil, Gérard est content. Il a entendu les hippopotames une partie de la nuit. Moi, non. Je mets des bouchons d'oreilles et du coup les hippos ne m'atteignent pas dans mon sommeil. On quitte le camp, il fait 18. Le bonheur. Mais une heure après on est déjà à 31! Nous avons une grosse journée de route devant nous. Aux abords des villages il faut composer avec les nombreuses charrettes, tirées par des ânes ou des chevaux, mais aussi avec les camions, en route vers le Mali ou la Guinée. On se fait arrêter par les gendarmes une nouvelle fois. Il a l'air très sérieux et inquisiteur mais je rajoute sans trop de peine son sourire éblouissant à ma collection. Le contrôle est alors terminé. On roule on roule on roule. On s'arrête à Kolda pour déjeuner d'un plat sénégalais le mafé (riz-sauce-zebu) dans un restau. La sauce est délicieuse et le zébu a beaucoup couru. On retrouve dans les rues les guitounes Orange Money, qui permettent aux Sénégalais de ne quasiment plus avoir besoin de monnaie papier et a donc paradoxalement amélioré la sécurité. Tout se fait via le téléphone. Apparemment, dans la région de Kolda, ce sont essentiellement des Peuls qui vivent là. Modou nous confie en baissant la voix que la région a très mauvaise réputation quand à ses mœurs dissolues après mariage.

Il m'explique un peu plus tard que les garçons ne grandissent que le vendredi ? Je suis désarmée, lui avoue mon incrédulité mais respecte son point de vue, qui ne fait de mal à personne. On repart. Nouveau contrôle à l'entrée de la Casamance. Ici encore plus qu'ailleurs, on nous recommande de ne pas rouler de nuit. Le paysage est plat et vert. Il y a de l'eau. Plus de cases mais des maisons avec des toits en tôle ondulée, aux abords nets et balayés. Le linge sèche sur des fils et non plus un peu n'importe où. Des manguiers dispensent leur ombre profonde autour des maisons. Il règne une certaine douceur. On arrive à "l'hôtel". La première chambre est aveugle et minuscule, je renâcle. la deuxième est à peine plus grande mais comporte une ouverture et de la lumière, banco. La salle de bains est propre, il y a de l'eau chaude, une prise de courant qui fonctionne. Voilà qui adoucit un peu le tableau. Et bien sûr le patron est super gentil alors plus d'hésitation. Je gratte un peu sur internet pour trouver un coin sympa pour la gazelle du soir et je fais donc GPS pour Modou. Le monde à l'envers ! En ville c'est plutôt propre, même si on trouve un sanglier et des vautours sur les déchets. Nous voilà enfin dans la gargote "les pieds dans l'eau". Il n'y a que des Africains, et devant nous des aigrettes, des pélicans, des hérons. Posés au bord du fleuve Casamance, nous regardons le soleil disparaître et les couleurs se diluer dans le fleuve. Après nous retournons en ville dîner, de poisson bien sûr. L'endroit est sombre, le poisson délicieux, la nuit sera bonne.

Le 24/11 Eh bien en fait, non. Ventilateur dopé aux amphétamines, musique dans la rue et insectes affamés ont créé un mélange détonnant. Je me lève dans la nuit me recouche, tourne, vire pour arriver à l'heure du petit déjeuner. Nous partons rapidement explorer le fleuve Casamance en pirogue en compagnie d'un couple, elle de Toulouse, lui de Dakar.

On navigue plusieurs heures sous un soleil brûlant. On dépasse des bateaux destinés à la pêche aux barracudas. Ils partent maximum vingt jours, à 11 environ et peuvent ramener entre 300 et

500 prises. Le bateau me paraît bien petit, je n'ose imaginer les conditions de vie à bord. Nous dépassons des espèces de pirogues à balanciers, en fait on y accroche des filets à crevettes et ces pirogues ne sont jamais déplacées. Le long des berges, quelques pêcheurs vivent dans des cahutes sur pilotis.

Ils n'ont pas de moteur et se font déposer pour plusieurs jours par une navette. Au premier stop, le village de Djilapao, deux petites filles, Alexandra et Jeannette-Francoise se jettent sur nous avec ravissement.

Tous les intéressent, ma montre, l'anti moustique, l'appareil photo, le bracelet, etc. Elles se cramponnent avec autorité à nos mains. Et nous partons pour la visite de l'artiste local, qui a construit une maison en argile à étages, avant de la décorer de multiples sculptures en argile, dont certaines sont très étonnantes.

Ensuite petit tour du village et là je rencontre Virginie. La maman des deux fillettes. Elle est incroyablement belle, ouverte et souriante. Son mari est un des pêcheurs des cabanes et aussi artiste. Je la photographierai bien avec ses petites, mais elle est en plein travail alors je préfère la laisser tranquille et savourer son sourire. Au retour je vais lui ramener les filles et j'en profite pour la saluer encore une fois. C'est pas tous les jours qu'on rencontre un visage pareil ! On repart sur le fleuve et le supplice du gril commence. La chaleur la réverbération c'est juste trop pour moi. Ma dent malade résonne comme un tambour, je voudrais de l'eau et de l'ombre. Nous accostons à Afiniam. Pétard il faut faire plus d'un km à pied pour gagner le village ! Je me ratatine au fur et à mesure de la marche. Mais nous arrivons, enfin, au campement. Construit sur le principe d'une case à impluvium, vingt deux chambres à l'aménagement monacal s'ouvrent sur le jardinet intérieur. Cela évoque un cloître. Alors après mon cachet salvateur, nous déjeunons de riz, poisson, et bien sûr une banane ! Je bois je bois je bois. Un québécois nous explique qu'il vient là depuis plus de trente ans. Ils travaille sur la riziculture. Le sel a colonisé le sol et avec les locaux, ils travaillent à réorganiser complètement le travail du riz. Un véritable remembrement, qui permettra de créer des drains pour mieux rincer les sols, des accès pour les charrettes, etc. C'est très intéressant. Je trempe mon chapeau et ma tête pour visiter le village où vivent 2000 personnes. Ce village est réputé pour être le gardien des traditions. Orangers, citronniers, pamplemoussiers, fromagers géants témoignent de la douceur de vivre. Le retour passe vite, toujours sous un soleil ardent. Tiens, un contrôle de police ! Aujourd'hui une petite amende, histoire de participer au confort de la maréchaussée. Et en route pour Enampor. La bière bien fraîche nous attend au campement villageois où nous dormons ce soir. L'endroit est très sympa. Autour d'une case à impluvium ou se trouvent les chambres quelques bâtiments, une épicerie nous abriteront. Bière, riz, poisson et banane, la nuit africaine nous engloutit.

Le récit de la veille ici

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