Aujourd'hui étant censé être la plus belle journée, selon mon site de météo norvégien préféré, on décide d'aller plus loin que le bout du bout de la veille. J'ai nommé : Batsfjord. Petite ville portuaire, de 2000 habitants, et vivant de la pêche, Batsfjord est bien connu par les passionnés pour ses canards (king eider, et d'autres mais je ne suis pas une spécialiste) donc on y trouve parfois des photographes de tous poils, incarcérés dans des affûts flottants dont il faut les sortir avec un treuil tant ils sont ankylosés. Nous y allons surtout pour le plaisir de la route, sauvage, déserte, mais annoncée praticable pour la journée.
Et effectivement, on la savoure, on la déguste. Tout en imaginant ce que donne la même route dans les conditions difficiles, en convoi, de nuit... Car lorsque la route est difficile, on roule en convoi derrière un chasse-neige, les yeux rivés sur les feux arrière de son prédécesseur, qui lui-même a les yeux rivés sur les feux arrière de son prédécesseur, etc, etc. Et quand les conditions sont plus difficiles encore, la route est fermée, et on prend son mal en patience. C'est l'Articque. Ou presque. Car seule Vardo ( la ville d'hier) peut, en théorie, se targuer d'avoir un climat arctique. (pas plus de dix degrés l'été). D'ailleurs la route pour Vardo s'est fait en convoi une partie de l'après-midi.
On fait le tour de la ville, on y pique-nique, bien au frais et bien ventilés. Puis retour, car la météo est annoncée comme allant de mal en pis. Et c'est la grosse et belle surprise du jour, la route devient incroyablement belle, rude, mouvante. Je ne peux m'empêcher de sortir me griser de l'atmosphère ambiante, de longues minutes. Mal m'en prend, mes yeux me feront souffrir jusqu'au soir.
Nous apprendrons le soir que la route a été fermée par la suite, jusqu'au lendemain 14H30, au grand dam de mon ami Jean-Louis qui est resté coincé sur place.
Le soir, petite aurore, rapide, que je rate pour cause de fatigue aiguë. J'en profite pour donner une info sur ces reines des nuits nordiques, telle qu'exposée par mes amis Claudine et Denis Lionnet, chasseurs d'aurores. On parle toujours du KP. Mais un KP élevé ne suffit pas à garantir une belle aurore, il faut aussi que le BZ soit négatif. le BZ ? Kessékssa ? C'est la polarité du champ magnétique du plasma éjecté par le soleil. Si le BZ est positif, les particules sont rejetées du champ magnétique terrestre ...., si il est négatif, les particules pénétrent , et l'aurore a lieu. Enfin... si le ciel est dégagé, et que l'obscurité est suffisante. ça fait beaucoup de si ! Pour les curieux, il y a plein d'infos sur les aurores sur la toile.
Le lendemain, nous restons sur Ekkeroy, pour une journée balade lorsque le temps le permet sur la plage et vers la falaise, qui regorge d'oiseaux. La journée se termine par un coucher de soleil de carte postale après avoir passé par tous les stades, et toutes les météos possibles.
Le site météo ici
Le récit de la veille ici