Pour notre dernière journée de visite, on est extrêmement tranquilles. Le matin je monte sur la terrasse, et je m'y trouve en contrebas de trois gamins en pleine agitation autour d'un cerf-volant. Ils m'invitent à les rejoindre sur le dernier promontoire où sont les réserves d'eau, un carré d'un ou deux m2. Comme je leur demande pourquoi ils ne sont pas à l'école, la réponse fuse, pleine d'enthousiasme. Les élections!!! Mais oui bien sûr. Le plus effronté m'annonce qu'il sera premier ministre un jour. Avant de m'expliquer pourquoi le cerf volant, c'est formidable, bien que dangereux. Comme je m'étonne, il me montre son cerf volant, deux baguettes de bambou et du papier de soie. Très très léger. Une énorme bobine avec un fil d'acier qui vient de Chine, ça a l'air important, il y en a des mètres et des mètres. Et donc, si je comprends bien, on peut s’électrocuter en cas de contact avec les fils électriques, se faire étrangler (ou égorger) par le filin tendu à l’extrême, ou encore tomber de la terrasse. Très réjouissant. Mais ils adorent ça, il y a une compétition où 5000 cerfs volants s'affrontent, rien qu'à Mandawa. Imagine alors dans toute l'Inde me dit-il avec des yeux exorbités.
Je leur demande si les filles participent aussi, bof me semble être la réponse. Pourtant, sur la terrasse voisine, une silhouette longiligne avec une queue de cheval s'entraîne sans relâche.


Le cerf volant des garçons tombe, se déchire, les voilà partis.
Et nous aussi, pour visiter la Haveli de Nadine Le Prince, peintre française qui s'est attelé à la restauration d'une haveli, tâche sans fin, avec vigueur et discernement. Superbe visite, guidée par un étudiant français. On apprend plein de choses, dont voici la plus étonnante : le niveau du sol a monté de 7 mètres en pas loin de 200 ans. Le bâtiment est plein de détails attachants.


Au retour de la visite, après déjeuner, Gérard retourne chez le barbier. On déambule dans le marché, beaucoup de boutiques sont fermées à m cause des élections. A l'angle, une boutique est ouverte, un homme est devant et crache de longs jets bruns sur le sol. C'est là qu'on va? Ok. Cheveux, barbe, massage, tout est fait de main de maître, pour quelques roupies. Imbattable. Tous les hommes vont chez le barbier très régulièrement. Les indiens sont tous toujours très bien coiffés, et n'hésitent pas à chercher les miroirs pour réajuster leur coiffure d'un petit coup de peigne.

L'après-midi s'écoule paisiblement. Je passe un moment sur la terrasse d'où je vois des dizaines de cerfs volants, certains incroyablement hauts. Sur les terrasses, des silhouettes répètent les mêmes gestes, pour faire voler leur cerf volant plus haut, plus loin. Lors du festival du 14 janvier, dans toute l'Inde, le but est de couper le fil des autres cerfs-volants pour rester le dernier. Pour ça, on enduit son fil de colle et de verre pilé. Mais des accidents mortels ont lieu chaque année, et en théorie c'est interdit désormais. Et c'est là où je comprends que le fil fabriqué en Inde casse et que celui de Chine ne casse pas.
Ensuite re-massage, du dos seulement cette fois-ci. J'en pars avec du travail à faire à la maison, travail de réflexologie plantaire. Bonne idée.
Pour finir cette journée qui sent la fin de voyage, on retourne pour la troisième fois dans ce restaurant voisin de l'hôtel, il faut dire que le choix est restreint. Et pour la troisième fois nous y sommes absolument seuls. Vu que c'est le meilleur restaurant à l'unanimité (indiens et touristes réunis) je me demande comment sont les autres.
Voilà, demain c'est le départ pour Delhi, il est temps de ranger, et de se dire que c'est (presque) fini.