Ce matin j'ouvre un oeil dans ma chambre de monastère, tout est calme.
Mais lorsque j'ouvre le deuxième, les prêtres sont déjà au travail, et la sono transmet les préparatifs de la célébration de ce dimanche matin, qui durera de 9h à pas loin de midi. Belle épreuve d'endurance...
Les fidèles arrivent en ordre dispersé, certains restent dehors, d'autres amènent des offrandes, font brûler des cierges, ou encore regardent leur téléphone. Le parking ressemble a un jeu de tetris géant, niveau expert. Aucun moyen pour nous de quitter les lieux.
Après la cérémonie, un certain nombre de gens restent déjeuner dans la cantine du monastère, dont nous, avec Viorica et son compagnon. C'est simple, très bon, une soupe, du riz parfumé, une purée de haricots blancs, et du pain. Les orthodoxes sont actuellement en période de jeûne, il n'y a donc ni viande, ni produits laitiers.
Après le repas, Viorica nous propose de passer le dimanche après-midi à la roumaine, c'est à dire d'aller se promener dans un bel endroit de Roumanie. Pour nous, ce sera donc une une balade dans un lac voisin (le lac Ruso), en passant par des gorges. Un des prêtres orthodoxe, un quadragénaire plein d'enthousiasme et qui parle comme une mitraillette, vient aussi. Nous voilà donc partis à deux voitures dans un véritable parcours du combattant.
Dans les gorges, les voitures se touchent toutes, et sur le bord de la route, des échoppes de souvenirs disputent la place aux véhicules garés. A l'arrivée au lac, on passe une autre dimension. Un placier qui fait parcmètre en même temps tente de mettre un peu d'ordre, si ce n'est dans les départs, au moins dans les arrivées....
On tombe sur une espèce de mini foire du trône, avec les gâteaux typiques kurtos (gâteau en forme de cheminée cuit à la broche, très fréquents en Hongrie et en Roumanie) et des gogoşi, sortes de beignets qu'on garnit de chocolat, de confiture, ou même de gruyère râpé , des attractions pour les enfants, des barques à louer.
Pas de chance, l'orage arrive en même temps que nous et nous oblige à nous replier dans le camion pour une pause boisson chaude. On refait donc le monde, en trois langues, roumain, anglais et français. Ils nous expliquent avec vigueur pourquoi il fait si bon vivre en Roumanie. Pour eux, le fait que l'église orthodoxe soit l'épine dorsale du pays assure son unité, ses traditions, son équilibre. La notion de la séparation de l'église et de l'état, en France, leur paraît une catastrophe!
Heureusement, le soleil revient et fait diversion dans nos divergences...
L'escapade se termine, il faut rentrer. A peine arrivé, le prêtre nous embarque dans le réfectoire ou tout est prêt pour nous cinq, à croire que nous sommes adoptés !
On visite ensuite le reste des bâtiments, et on se dit au revoir, avec une échange de présents, miel et vin pour eux, une icone et une cruche moldave pour nous. Nos amis nous quittent car ce soir il y a une messe de 11h30 à 2 heures du matin... Quand à nous, nous passerons notre dernière nuit au monastère pour repartir demain matin.
La recette des gogosi ici
La recette des Kurtos là
Le récit de la veille ici