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  • Lucie

Retour à la ville. Les adieux.


Ce matin, notre réveil est plus matinal. Meriamgul allume le feu plus tôt, et voilà qu'il faut tout ranger, faire les sacs, débusquer les affaires malicieuses cachées ici et là. Après le petit déjeuner, au goût amer du départ, je sors embrasser une dernière fois du regard le vaste panorama qui pendant quelques jours, fût mien. Ce n'est pas le moment de jouer aux stars larmoyantes de Rendez-vous en Terre Inconnue, et nos hôtes ont bien évidemment été rémunérés pour le travail qu'ils ont fournis, mais nous avons vraiment ressenti chaleur et ouverture, curiosité à notre égard, et amabilité sans commande. Notre émotion à tous les cinq est réelle, à la hauteur de ce que nous avons vécu ces jours derniers.

Je finis donc de donner à Meriamgul tout ce que je peux et la remercie chaleureusement. Si mes mots sont incompréhensibles pour elle, elle comprend parfaitement le message. Et plonge dans son armoire pour me nouer gentiment un de ses foulards au cou. Je tente de communiquer également chaleur et encouragement à sa fille aînée, Kharlgash, en retrait parce que toujours occupée, et dont la destinée, sauf miracle, est toute tracée.

La petite est triste, on se plait à penser que c'est de nous voir partir et qu'une ébauche de lien s'était créée ?

Nous nous cotisons pour offrir un peu d'argent à la famille, en signe de reconnaissance pour leur coopération et attention de tous les instants.

Un dernier regard aux aigles, au loup, et il et temps de tourner le dos à cet univers dont nous avons effleuré la saveur et la dureté. D'ici quelques jours, ils partiront avec le bétail dans la montagne, sur un versant ensoleillé et à l'abri du vent qui les protégera des vents glacés hivernaux de la plaine. J'aurais tellement aimé transhumer avec eux... J'ai juste une question, comment vont ils faire transhumer le loup ? En moto, à cheval, à pied ? ça m'énerve de pas savoir....

Nous empruntons un itinéraire différent pour retourner à Ulan-khus. Avec son lot de péripéties, car cela nous oblige à traverser quelquefois la rivière gelée, avec plus ou moins de facilité. On admire également au détour d'une piste une stèle en pierre, du 7ème siècle, excusez du peu.

La conduite brusque de notre second chauffeur provoque une panne, et c'est empilés dans un seul véhicule que nous arrivons en ville, qui déjà est recouverte de sa chape de fumée.

Nous voilà de retour chez Dagis. Honte sur nous, aucun d'entre nous ne résiste à l'appel du wifi. On se rebranche donc au monde, pour toutes les bonnes et mauvaises raisons. Une fois apaisé ce besoin de civilisation, donner des nouvelles, en prendre, je reviens au plaisir simple de regarder la femme de Dagis, au beau visage, préparer le repas. Pour des plats que je vais essayer de refaire.

Une pâte de farine, sel et eau, étalée très finement en cercle, huilée puis parsemée de carottes râpées, lamelles d'oignons, roulée sur elle-même et mise à cuire 15 minutes à la vapeur.

Des carottes râpées toujours, ail, oignons, revenus à la poêle avant d'être assaisonné et mangées chaudes, un délice !

Une soupe de chou rouge, oignons, poireaux, succulent! Nous parlons donc cuisine, épices, cuisson, avec Chingun comme intermédiaire.

Comme j'ai beaucoup fredonné une chanson russe durant les jours précédents, Dagis me fait écouter la version kazakhe de cette chanson, et sa femme me fredonne une chanson de Joe Dassin, (Et si tu n'existais pas !!), dont elle me sort le CD. Incroyable ! Du coup on passe en revue tous leurs vinyles, beaucoup de choses inconnues pour moi mais aussi Abba, les Beatles.

Demain matin nous reprendrons l'avion pour Ulann-Bator. On dort dans un "vrai" lit ce soir, au chaud. Mais ni mieux ni moins bien que les jours précédents.

Le récit de la veille ici


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